Historique

Ce groupe créé pour ne pas durer avait tout pour disparaître rapidement. Comment a-t-il réussi à traverser plus de quatre décennies ?

     A l’automne 1979, treize collégiennes du village de La Loye près de Dole (Jura) expriment le souhait à leur Foyer Rural d’avoir pour l’hiver une activité « danse », comme les garçons ont l’activité « foot ». Henri Meunier habitant le village depuis 1978 et connaissant quelques danses folkloriques accepte. Un soir par semaine le groupe apprend avec bandes magnétiques des danses de Bretagne, d’Israël, de Grèce, d’Alsace ou de Bresse. A part Chibreli de Luxeuil, aucune danse comtoise par absence de support sonore. Marie-France Voutequenne des Ateliers Comtois de Dole apporte son aide. A l’automne 1982, ces deux responsables rencontrent à Luxeuil, un soir de répétition, le président Jacques Frichet et son groupe folklorique Les Gauch’nots. Un dimanche du printemps 1983, ce groupe de Luxeuil vient à Dole aux Arquebusiers, pour un stage de danses comtoises annoncé dans la presse. C’est un geste tout à fait exceptionnel de partage, mais faute de partition et d’enregistrement, il n’en restera qu’un souvenir sympathique.

     A l’automne 1983, Claude Renaudin rencontre Henri Meunier à un stage de danse organisé par la MJC de Dole et la danseuse Marie-Noëlle Rondot. Claude va beaucoup s’investir dans le projet des Alwati pour retrouver des danses comtoises : Bandes sonores, chorégraphies, répétitions. Le groupe se présente chaque année en Juin à la fête du village et est invité  par d’autres villages. Le 4 mai 1985 avec la municipalité de La Loye, ils reçoivent le groupe allemand des Amis de la nature de Lahr jumelé avec celui de Dole. Les Alwati compteront même dix échanges avec l’Allemagne (Lahr et le groupe de Sulz). Le 11 mai 1985, le groupe se produit au théâtre de Lons et le 30 mai à celui de Dole.

     Pour les sorties, il faut un nom. En 1982, un jeune du pays, Yves Camuset, dit par hasard qu’en patois, les habitants de La Loye s’appellent les ALWATI (en français  les Logiens). Certains ont pensé à du franco-provençal. Mais le village se situant à 10 km de Dole, il s’agit d’un dialecte d’Oïl. Le nom est adopté à l’unanimité par les filles du groupe. L’abbé Jean Garneret rencontré à la fête de Serre-lès-Moulières d’octobre 1986 écrivit ce nom selon les règles de la  phonétique (avec un W).

     À la Toussaint 1986, le maire Jean-Louis Grappe, téléphone pour dire que FR3 vient dans quinze jours (le 14 novembre) filmer au village une veillée à l’ancienne, avec l’écrivain André Besson et l’association des villages de la Forêt de Chaux. « Les Alwati participent ». Mais impossible de passer des bandes magnétiques pour une veillée « à l’ancienne ». Des instrumentistes d’un groupe de Dole proche de la MJC et de Marie-Noëlle Rondot, avec Marie-Claude Cabiron, François Pageaut, Jeau-Luc Queuche, ainsi que le jeune Dominique Meunier, apprennent les danses en quinze jours. Deux chanteurs : Pascal Béchet et Henri Meunier chantent les paroles à deux voix. Sans répétition globale, quatre danses sont présentées sur six préparées. Grand succès de la soirée. Superbe montage de FR3 avec un retentissement en Franche-Comté comme en Bourgogne, car à cette époque la télévision filmait rarement en milieu rural.

     Début 1987 Marie Lhomme-Perret et Michelle Fromond demandent si des artisans pourraient faire partie du groupe. L’une sait carder, l’autre voudrait filer. Car, dit Michelle : « L’artisanat c’est aussi du patrimoine ». Il faudra trouver un rouet et apprendre à filer. Ce sont les premiers artisans. Entre temps, des danseurs adultes souhaitent apprendre des danses comtoises. Le groupe s’élargit jusqu’à 35 personnes aux répétitions. L’on découvre aussi que le vielleux Yves Grosprêtre à Dijon et le cornemuseux Alain Mignot à Vaux-lès-Prés, près de Besançon, ont regardé avec intérêt  notre émission télévisée. Les contacts se nouent. Alain Mignot apprend à jouer de la cornemuse aux frères Pascal et Dominique Meunier. Pour le 14 juillet 1989, il les emmène au défilé de Jean-Paul Goude aux Champs Elysées avec leur sœur Marie-Hélène (violon). Jessye Norman aura également son succès en chantant La Marseillaise. Premier concert à Seurre (21) en 1989. Deuxième concert à la fête de la vielle de 1990 dans l’église bondée d’Anost (71). Il en résultera une première cassette en 1991. Dès 1988, la saline d’Arc-et-Senans demande les Alwati pour l’animation de classes du patrimoine. On en comptera une centaine de la maternelle jusqu’aux classes après-bac.

     En janvier 1990, les jeunes danseuses Alwati peu intéressées par les rythmes des danses comtoises arrêtent leur participation. Les adultes continuent jusqu’en 1995 et beaucoup s’investiront alors dans l’artisanat pour faire toujours partie du groupe. Le 19 janvier 1991 a lieu le premier bal folk à La Loye. Une bonne vingtaine d’autres suivront chaque année. En 1992, le foyer rural n’existant plus, les Alwati se déclarent association de Loi 1901. Cette même année, trois cornemuseux des Alwati fondent avant de se disperser, le groupe Les Grandvalliers et enregistrent en 1993 un CD à l’église de La Loye, édité en 1997. Le groupe bourguignon La Mère Folle avec Yves Grosprêtre se déclare en association en 1992et soutiendra toujours les Alwati. Une seconde cassette Alwati sort en 1993. Les sorties continuent au rythme d’une quarantaine par an, dont la Suisse, l’Italie et dix en Allemagne  avec le groupe de Lahr-Sulz. Concerts, veillées, animations artisanales, passages à la télévision, participations à la fête de l’AOC du Macvin, aux voies du sel et aux fêtes des vieux métiers de la forêt de Chaux ou de Fourg. De 1997 à l’an 2000, création à Mont-de-Laval (25) d’un festival des musiques et danses traditionnelles comtoises sous l’égide du maire Daniel Leroux (La Racontotte). Dès 1988, danses au musée de Nancray, puis animations avec artisans, dégustations de gaudes et de cancoillotte sur fond de musique comtoise. Depuis 2005 et pendant 10 ans : dégustations de gaudes à Micropolis de Besançon, au salon des talents comtois.

     Pour le centenaire de La Chanson des Gaudes et du Vin de 1893, Daniel Leroux fondateur de la revue La Racontotte à Mont-de-Laval (25) confie aux Alwati un numéro spécial sur les gaudes (72 pages). Il en sera de même en 1995 pour un numéro de 80 pages sur Vigne et Vignerons en Franche-Comté. D’autres articles suivront entre autres sur la cornemuse et le maïs blanc non hybride de Bresse. Une collaboration s’établira aussi avec l’association Folklore Comtois où le président des Alwati entre au Bureau pour six ans. Des articles seront publiés dans Barbizier en particulier sur Saint Vernier (critique) et le maïs blanc non hybride. Photographies et enregistrements de l’abbé Garneret sont sauvegardés à la médiathèque de Besançon. L’idée de mettre en DVD les trois volumes « Garneret-Culot » est lancée. En l’an 2000, la première édition d’un livre de recettes de gaudes comporte 30 recettes. De la 2° à la 4° édition, on en compte 80. Les 5° et 6° en comportent 100.

     Le premier CD Alwati sort en 2001 sur les chants de métiers, toujours en collaboration avec La Mère-Folle pour les airs à danser. Le deuxième CD sur les chants d’amour est de 2004. Le troisième sur les chants de table date de 2006.  Le quatrième sur Noël et Printemps est de 2008. En 2013 sort un 5° CD sur les danses comtoises, toujours en collaboration avec La Mère Folle à qui se joint Duo-Synkro. En 2009, Bernard Bellevret tourne un DVD Alwati de 80 minutes sur les métiers traditionnels avec 16 séquences mettant en valeur les gestes d’une bonne vingtaine d’artisans. Cette même année, celle des trente ans, les mille sorties sont dépassées. En 2010, création de notre site : www.alwati.com. En 2014, sort le numéro 100 de La Racontotte confié aux Alwati sur le thème des tissus. Le groupe de musique médiévale Lé lou di bô joue avec nous du comtois. Nous créons même ensemble durant quelques années une école de vielle avec Yves Grosprêtre. Le 18 mai 2019, participation à Dole médiéval avec costumes, métiers et musique d’époque. Le 8 septembre, fête médiévale à Bletterans. Le 12 octobre, les 40 ans des Alwati sont fêtés par un concert à l’église de La Loye avec La Mère Folle, Lé lou di bô et les amis de Corrèze et de Paris. (15 musiciens). Début 2020 : crise du coronavirus !

Une Continuité

Le 24 août 2020, à l’assemblée générale de La Loye,
Henri Meunier se retire comme président et laisse sa place à Françoise Barey
avec un bureau renouvelé et plein d’idées

« La vie ne se comprend que par un retour en arrière, mais on ne la vit qu’en avant »

Soren Kierkegaard (1813 – 1855)